Digital Services Act & Digital Markets Act : quel impact sur les professionnels du web ?
Comment les nouvelles régulations européennes transforment les pratiques des géants du numérique et des professionnels du marketing.
L’Union Européenne face aux pratiques anticoncurrentielles : le Contexte des réformes DMA et DSA
En août 2024, Google, le géant du numérique a été condamné pour pratiques anticoncurrentielles concernant la configuration automatique de son moteur de recherche sur certains appareils. Bien qu’aucune sanction n’ait été prononcée, Google a quand même procédé à une grosse refonte de son moteur de recherche et a exclu notamment l’imposition automatique de Google Maps comme moteur de recherche géographique automatique. Cette décision souligne les enjeux juridiques et éthiques croissants liés aux pratiques des grandes plateformes numériques.
Faisant écho à ces défis, l’Union Européenne a introduit en 2022 deux lois majeures : le Digital Markets Act (DMA) et le Digital Services Act (DSA).
Pour commencer, il est essentiel de comprendre ce que sont le Digital Services Act (DSA) et le Digital Markets Act (DMA). Ces deux règlements ont été introduits par l’Union Européenne en 2022 pour encadrer les pratiques des grandes plateformes numériques. Ces derniers visent à instaurer des règles plus strictes afin de protéger les utilisateurs et réguler les marchés numériques.
Cette initiative répond aux préoccupations croissantes concernant les pratiques des géants du numérique, comme le récent jugement contre Google pour ses pratiques anticoncurrentielles.
Que sont le Digital Markets Act et le Digital Services Act ?
Le DMA et le DSA établissent des règles précises pour les services numériques au sein de l’Union Européenne. Ils imposent des obligations importantes aux plateformes en ligne tels que les réseaux sociaux, les marketplaces, et les moteurs de recherche ainsi que les services d’hébergement. L’objectif principal est de garantir la sécurité des utilisateurs et de protéger leurs droits fondamentaux.
Ces lois touchent particulièrement les “très grandes plateformes en ligne”, comme Google, Facebook, Amazon et TikTok, qui devront se conformer à ces règles d’ici 2025.
Concrètement, elles imposeront une modération plus stricte des contenus illégaux, une gestion plus transparente des plaintes et une divulgation des pratiques algorithmiques. La récente arrestation du PDG de l’application de messagerie Télégram pour des accusations de non modération de contenus criminels diffusés sur la plateforme met en exergue l’importance et la mise en application de ces nouvelles réformes.
Les grandes plateformes devront également produire des rapports sur les risques sociétaux liés aux contenus qu’elles diffusent, pour éviter des scandales similaires à celui de Cambridge Analytica en 2018.
Quel impact sur les pratiques marketing ?
Ces nouvelles régulations s’inscrivent dans la continuité des principes instaurés par le RGPD, en imposant des restrictions supplémentaires sur la collecte et l’utilisation des données de tiers. Le Digital Markets Act (DMA), conçu pour limiter l’auto-promotion des produits et services par les géants du numérique, témoigne de la volonté de l’Union Européenne de réduire leur emprise sur le marché et de rééquilibrer la concurrence.
Un aspect clé du DMA réside dans l’obligation faite aux services de messagerie, comme Facebook Messenger ou WhatsApp, de rendre leurs plateformes interopérables avec celles de leurs concurrents. En facilitant cette compatibilité, la régulation encourage une concurrence plus saine et offre donc aux utilisateurs une plus grande liberté de choix.
Vous l’aurez compris : la transparence est au cœur de ces nouvelles exigences avec l’optique de renforcer la confiance des utilisateurs. Les professionnels du marketing devront ainsi être plus clairs quant à l’utilisation des données personnelles : expliquer pourquoi et comment ces informations sont collectées, où elles sont stockées et qui y aura accès. Les stratégies de collecte devront évoluer, notamment avec l’introduction de bandeaux de consentement plus explicites, tandis que les publicités devront se faire moins intrusives.
De nouvelles conditions visuelles sont également imposées, comme l’obligation de porter l’attention de l’utilisateur sur les deux options de consentements, et non pas uniquement de mettre en valeur le bouton « Accepter » ou de l’interdiction de rendre le parcours du refus si complexe que l’utilisateur abandonne et clique par dépit sur une acceptation (on peut s’interroger alors sur le fait que le consentement soit « libre » et « éclairé »).
Ces transformations visent à établir un marché numérique plus éthique et équitable, où chaque acteur devra se plier aux mêmes exigences en matière de données. En privilégiant la création de contenu pertinent et utile, les marketeurs pourront non seulement se conformer à ces régulations, mais aussi renforcer leur crédibilité en tant que sources fiables, tout en nouant des relations plus solides avec leur audience.
Quel impact pour les spécialistes du SEO ?
Les spécialistes du SEO bénéficient également des nouvelles pratiques engendrées par ce nouvel environnement.
Lorsque l’on évoque le DMA, les notions de transparence et d’équité viennent immédiatement à l’esprit. Cette législation pourrait bien redéfinir en profondeur les mécanismes de classement des contenus sur les moteurs de recherche, en réduisant l’importance accordée aux services détenus par les grandes plateformes.
Pour les spécialistes du SEO, cela pourrait offrir de nouvelles perspectives en créant davantage d’opportunités pour des sites de plus petite envergure afin d’obtenir un meilleur positionnement dans les résultats de recherche.
Par ailleurs, il est probable que ces règles entraînent une révision des critères d’indexation, influençant directement ou indirectement les algorithmes des moteurs de recherche. De ce fait, les experts SEO devront ajuster leurs stratégies pour rester compétitifs et garantir une visibilité optimale sur ces plateformes.
La récente mise à jour de l’algorithme de Google, mettant l’accent sur le “helpful content” (le contenu utile), souligne l’importance de cette approche. Les sites offrant un contenu réellement utile et pertinent sont désormais favorisés dans les résultats de recherche. Le DMA, en garantissant une « égalité des chances » sur les moteurs de recherche, assure que le contenu est classé en fonction de sa qualité plutôt qu’en fonction des intérêts des grandes plateformes.
Pour rester compétitifs, les pros du SEO devront adapter leur contenu en fonction des intentions des utilisateurs et améliorer non seulement l’expérience utilisateur mais aussi l’accessibilité de leurs sites web. Cela permettra non seulement de se conformer aux nouvelles lois, mais aussi d’améliorer les classements dans les moteurs de recherche.
Conclusion
Les Digital Services Act et Digital Markets Act transforment profondément le paysage numérique. Pour les professionnels du web, il est crucial de s’adapter à ces nouvelles règles en renforçant la transparence, en priorisant la qualité du contenu et en respectant la protection des données. Ces ajustements ne garantissent pas seulement la conformité mais ouvrent aussi la voie à des relations plus solides et durables avec les utilisateurs, tout en favorisant un marché numérique plus équitable.